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L’accent

jeudi 13 novembre 2008, par Allaudien

L’accent qu’il soit de Marseille ou des Pyrénées a quelques chose à dire, au delà des mots.
Ici un poème de Miguel Zamacoïs, là un clip vidéo de Sangria Gratuite


De l’accent

De l’accent ! De l’accent ! Mais après tout en-ai-je ?

Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?

Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,

Que c’est vous qui pour nous semblez l’avoir très fort.

Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,

"Ces gens là n’ont pas le parler de tout le monde !"

Et que, tout dépendant de la façon de voir,

Ne pas avoir l’accent, pour nous, c’est en avoir...

Eh bien non ! je blasphème ! Et je suis las de feindre !

Ceux qui n’ont pas d’accent, je ne puis que les plaindre !

Emporter de chez soi les accents familiers,

C’est emporter un peu sa terre à ses souliers,

Emporter son accent d’Auvergne ou de Bretagne,

C’est emporter un peu sa lande ou sa montagne !

Lorsque, loin du pays, le coeur gros, on s’enfuit,

L’accent ! Mais c’est un peu le pays qui vous suit !

C’est un peu, cet accent, invisible bagage,

Le parler de chez soi qu’on emporte en voyage !

C’est pour les malheureux à l’exil obligés,

Le patois qui déteint sur les mots étrangers !

Avoir l’accent enfin, c’est, chaque fois qu’on cause,

Parler de son pays en parlant d’autre chose !...

Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !

Je veux qu’il soit sonore, et clair, retentissant !

Et m’en aller tout droit, l’humeur toujours pareille,

En portant mon accent fièrement sur l’oreille !

Mon accent ! Il faudrait l’écouter à genoux !

Il nous fait emporter la Provence avec nous,

Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages

Comme chante la mer au fond des coquillages !

Ecoutez, en parlant, je plante le décor

Du torride midi dans les brumes du Nord !

Mon accent porte en soi de terribles mélanges

D’éffluves d’orangers et de parfums d’orange ;

Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris

De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,

Et le petit village où les treilles splendides

Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !

Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,

A toutes mes chansons donne un même refrain,

Et quand vous l’entendez chanter dans ma parole

Tous les mots que je dis dansent la farandole !

Miguel Zamacoïs 1866-1955

Mon Accent selon Sangria Gratuite



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